Lämpchen

Dialectique de l'idéel

14/07/2025 | philosophie, marxisme, ilyenkov

Ilyenkov et l’idéel

Post-53 -> nouveux théoriciens contre l’hégémonie du Diamat : Ilyenkov, Zinoviev, Gregory Shchedrovitsky, Merab Mamardashvil. Crise de l’idéologie soviétique.

Contre philosophes de l’establishment type Mitin ou Molodstov.

Ilyenkov se distingue du Diamat par sa compréhension de la nature de l’idéal =/= conscience, pensée, esprit, âme etc.

Idéel : ni purement mental ni purement physiologique -> existe en dehors de l’individu et a une réalité (et d’objectivité) spécifique. Reformule le rapport esprit-indiv/monde matériel en termes de rapport monde matériel/sa représentation dans la “culture intellectuel d’un peuple donné” = l’État dans le sens de Platon et Hegel, ensemble des institutions sociales qui régulent l’activité vitale de l’individu

Esquisse d’une histoire de la philosophie occidentale (au sujet de l’objectivité des idées) : Platon -> empirisme-individualisme de Locke, Berkeley et Hume -> idéalisme allemand.

Central : acte matériel d’idéalisation. Opposé = procès de matérialisation (objectification quand médiation d’un sujet conscient?, réification, ‘incarnation’) de l’idéal.

Rapport forme-valeur et forme matérielle d’une marchandise = exemple du rapport idéel en général et matériel en général. Idéel a une existence objective dans l’activité humaine (processus de création de représentation idéales du monde matériel, qui inversement informent l’activité humaine).

CAPITAL : Idéalité n’existe ni dans la forme d’une chose, ni comme la forme d’une activité vitale humaine pris séparémemnt. Mais n’existe que dans le passage constant de l’un à l’autre.

Opposants mécanistes-réductionnistes : par ex D.I. Dubrovsky. Mais aussi néopositivistes (pensée=langage). Critique aussi la théorie des three worlds de Popper : World3 =/= car pour Ilyenjov le phénomène idéel ne peut exister que dans le contexte de l’activité humaine.

Idéel =/= une chose mais partie d’un procès qui inclut la représentation des choses dans le corps d’autres choses. Dénote une relation entre aux moins deux choses, dont une exprime adéquatement l’essence de l’autre.

/!\ Question de la valeur de vérité d’une connaissance : doit être recadrée pour prendre en compte que le contenu idéel d’une chose est toujours représenté dans une autre chose, et pas dans la chose elle-même. Cette réflexion =/= projection mentale sur le monde matériel. Existe objectivement dans le même espace physique que la matière qu’elle reflète : dans l’activité effective des êtres humains.

DONC la représentation idéel d’un objet matériel implique toujours l’activité dans laquelle cet objet est incorporé.

Ex étoiles “idéalisées” quand incorporées dans l’activité humaine : “Thus at first he directs his attention upon the stars exclusively as a natural clock, calendar and compass as means and instruments of his life-activity, and observes their ‘natural’ properties and regularities only insofar as they are natural properties and regularities of the material in which his activity is being performed, and with which he must, therefore, reckon as completely objective (in no way dependent on his will and consciousness) components of his activity.2”

Corps (def) -> chez Ilyenkov =/= corps physique de l’individu, mais ce que Marx appelle le “corps inorganique de l’homme”. Grundrisse : produits de la culture = organes du cerveay humain crées par la main humaine, le pouvoir réifié de la connaisssance.

“Corps pensant” = la collectivité alors qu’elle idéalise le matériel et matérialise l’idéel.

Lecture de Spinoza pas anti-hégélienne comme Althusser.

Ilyenkov et le contexte soviétique

25 Jan. 1931 -> CC du PCUS “Nouveau leadership philosophique de staline” et demande un “working out (razrabotka) de l’étape léniniste dans le dev du matérialisme dialectique”.

Mécanistes : groupe éclectique moins organisé que les déboriniens. Skvortsov-Stepanov, Lyubov Akselrod, Bogdanov. Soutenu par Bouhkarine.

Attaque contre déboriniens décembre 1930.

Pour Sergey Mareev : Ilyenkov rupture avec l’école déborinienne (NdT : seulement anti-réductionnisme etc?). Pour Mareev, réductionnisme et positivisme déjà dans les courants des 1920’s. Le Diamat serait même né avec le livre de Déborine “Le matérialisme dialectique”. Mais le prof de Déborine = Plékhanov.

Élèves de Plékhanov occupaient des positions clés dans l’appareil idéologique et le système d’éducation supérieure soviétiques : Ryazanov Institut Marx-Engels et Déborine rédacteur en chef de PZM en 1921.

CCL° : Lénine a politiquement vaincu, mais Plékhanov philosophiquement. Lecture mécaniste de Marx.

À rapprocher de Lifshits et Lukács plutôt (Lukács comme Korsh dénoncé par Zinoviev au cinquième congrès du Comintern).

Dialectique de l’idéel (p39)

David Dubrovsky : idéel = information actualisée par le cerveau pour le soi, c’est-à-dire la capacité du soi à posséder une information sous sa forme pure et à interagir avec elle. Il s’agit d’un phénomène mental, MAIS tous phénomènes mentaux =/= d’idéaux. L’idéel se manifeste toujours dans les états conscients de l’individu et reste un phénomène purement individuel, réalisé grâce à un processus neurodynamique cérébral, encore mal compris.

Donc : désignation d’un processus cerébrale (“neurodynamique”) spécifique. Rapport matériel/idéel -> rapport entre processus neurodynamiques.

Ne lui importe pas de savoir si ces états mentaux de l’individus reflètent quelque chose d’objectivement réel ou si ce sont de simples états subjectifs, déterminés par la constitution physiologique de l’individu -> deux sont idéels pour Dubrovsky, car réflexions individuelles d’un processus neurodynamique. Donc ne dépend pas de la catégorie de vérité.

Dans l’histoire de la philo : le dev de la catégorie de l’idéel nait du besoin d’établire la distinction/opposition entre les états mentaux éphémères de l’individu ET les formes universelles (et par là nécessaires) de la connaissance et de la cognition indépendamment d’une réalité personelle. CCL° : Problème de l’objectivité et de la valeur de vérité de la connaissance.

Ex : vérités mathématiques, catégories logiques, impératifs moraux, idées de justice etc. Ces choses ont un certain sens pour tous les esprits. Ont une forme spécifique d’objectivité.

Au moins deux structures d’objectivité : celle des idées et celle de la matière.

Idées sont internalisées (усваивать) par l’individu mais existent en dehors de lui.

Avec l’empirisme unilatéral (Locke, Berkeley, Hume) -> le mot idée devient un terme qui désigne un état mental de l‘“âme” individuel. Cette position est non seulement terminologique mais aussi théorique : la réalité est composée de “choses” séparées, particulières et perceptibles sensuellement. L’universel n’est rien d’autre un phénomène psycho-physiologique, qui répète sans fin une similarité contenue dans différents actes perceptifs (car identité des états mentaux particuliers).

Quelque chose peut être représenté dans le corps d’une autre chose -> un autre objet matériel. Idéalité -> relation entre au moins deux objets matériels déterminés (choses, processus etc), dont l’un joue le role de représentant de l’autre objet ou plus précisément de la nature universelle de cet autre objet (formes et lois universelles).

Monde idéel : mondes des représentations. Le monde réel matériel tel que représenté dans une conscience social historiquement déterminée. En partie dans le langage, le vocabulaire.

Hegel -> esprit objectif.

Important : pas identité immédiate mais processus effectif de passage du matériel à l’idéel. Pas un problème verbal. Mouvement idéalisation-matérialisation en spirale, chacun commencement d’un cycle.

Marx def idéel “le monde matériel reflété par l’esprit humain, et transformé en formes de pensée”. En fait, forme de reflets/représentations qui DISTINGUENT les humains (sinon simple processus matériel etc).

Forme-valeur : idéelle. Peut se matérialiser dans n’importe quelle valeur d’usage. Représentée dans une marchandise // la monnaie exprime mais n’est pas un RdP.

Idéel : schéma de l’activité réelle, practico-objective de l’homme, consistente avec la forme de la chose externe. PAS CETTE ACTIVITÉ elle-même.

Aussi secret de la distinction essence/existence ?

CCL° : en représentant/reflétant une autre chose matérielle, une chose matérielle acquiert un nouveau plan d’existence.

CCL° : idéalité commence quand la chose perçue sensiblement, tout en restant elle-même, se transforme en représentation de quelque chose d’autre. Cet autre la transforme en (def) forme de son propre être. Genre de tampon imprimé sur la substance de la nature par l’activité vitale humaine, une FORME DE FONCTIONNEMENT, deuxième nature, nouvelle forme d’existence de la chose physique dans le procès de la vie sociale.

Forme d’une activité subjective sous forme d’une chose, en dehors du sujet. Ou inversement forme d’une chose en dehors de la chose, dans l’activité du sujet.

p73