Lämpchen

Karel Kosik

16/04/2025 | marxisme, philosophie

La dialectique de la totalité concrète n’est pas une méthode qui prétend avec ingénuité épuiser tous les aspects de la réalité et en donner une image « totale » ; c’est une théorie de la réalité et de sa connaissance en tant que réalité. La totalité concrète n’est pas une méthode pour savoir et décrire tous les aspects, caractères ou propriétés, rapports et procès de la réalité, mais une théorie de la réalité comme totalité concrète.

I/ Dialectique de la totalité concrète

1) Le monde du pseudo-concret et sa destruction

def générale : pseudo-concret = monde tel qu’il se présente immédiatement, en tant que celui-ci est considéré par le sujet comme étant une manifestation des « choses mêmes » et de leur essence.

Dialectique vise “chose elle-même” : mais se manifeste pas directement à l’homme -> détour/effort Représentation =/= concept de la chose : deux degrés de connaissance MAIS aussi deux qualités de la praxis humaine car

  1. l’homme n’appréhende pas en premier et directement le monde comme sujet cognitif et abstrait
  2. mais agit de manière pratico-objective avant tout Conséquence : réalité se présente pas en premier sous forme d’objet de la connaissance -> vision immédiate et pratique du monde. Mais existence réelle =/= apparences de la réalité -> catégories de la pensée de sens commun sont souvent à l’opposé de la loi du phénomène, de sa structure, ou de son noyau interne essentiel (ex argent). Donc praxis immédiatement utilitaire et le sens commun ne permettent ne permettent pas de comprendre adéquatement la réalité. Praxis historiquement déterminée : fragmentaire et unilatérale des individus, fondée sur div du travail et société de classes. Phénomènes (milieu quotidien de la vie) : sphère indépendante et naturelle = monde du pseudo-concret =
  3. monde des phénomènes extérieurs, à la surface des procès fondamentaux et réels
  4. monde de la circulation et du trafic, praxis fétichisée des hommes (échange)
  5. monde de représentations traditionelles. Image et formes idéologiques de la praxis fétichisée
  6. le monde des objets figés. Pas immédiatements reconaissables comme produits. Mais monde ni autonome ni absolu. Rapport avec l’essence. Phénomène n’en est pas radicalment distinct. Contradiction : chose se manifeste ET se dissimule dans le phénomène de cette chose déterminée. CCL° : fond caché des choses doit être découvert par une activité particulère, science et philo. Def philo : effort systématique et critique, qui tend à appréhender la chose elle-même, à dégager la structure des choses et à découvrir l’essence de la réalité.

Unilatéralité de la pensée pas une qualité immanente mais découle de sa fonction pratique : toute action est unilatérale, car elle tend à une fin déterminé, et isole de la réalité certains éléments qu’elle tient pour essentiels. Tendance spontanée de la praxis, donc de la pensée pratico-objective (spontanée). Totalité : arrière-plan indispensable de toute action et pensée, Mais reste inconscient pour pensée naive (horizion d’une réalité indéterminée).

CCL° : Représentation de la chose qui passe pour la chose elle-même (idéologie) : pas une qualité naturelle des choses et de la réalité, mais la projection de conditions historiques réifiée dans la conscience. Dialectique nie pas l’existence ou l’objectivité des phénomènes mais détruit leur prétendue autonomie en établissant leur caractière médiat et dérivé.

Pensée réfléxive non critique établit immédiatement (sans analyse dialectique) un rapport causal entre représentations figées et conditions matérielles figées. Mais un telle matérialisation : double mystification. Le monde de l’apparence est ancré dans une matérialité elle aussi inversée (réifiée).

Pour pouvoir expliquer le monde de manière «critique», il faut que l’explication elle-même se place sur le terrain de la praxis révolutionnaire ! Destruction du pseudo-concret se réalise comme :

  1. praxis critique-révolutionnaire de l’humanité, et humanisation de l’humanité dont les étapes décisives sont les révolutions sociales
  2. pensée dialectique qui dissout le monde fétichisée de l’apparence pour atteindre la Ding an sich
  3. devenir de la vérité et création de la réalité humaine en un procès ontogénétique. Car pour chaque individu le monde de la vérité est aussi sa propre création spirituelle. Chaque individu doit se forger sa culture et vivre sa propre vie d’une manière personelle et sans procuration possible.

Pseudo-concret = existence autonome des produits de l’homme et abaissement de celui-ci au niveau de la praxis utilitaire. La destruction du pseudo-concret est le procès de création de la réalité concrète, celle-ci étant vue de manière consciente.

2) Reproduction intellectuelle et rationnelle de la réalité

Donc détour nécessaire : seule voie vers vérité. Tentatives de s’épargner cet effort : mysticisme par ex. Pour connaître chose en soi l’homme doit se transformer en chose pour soi. Soumettre la réalité à sa praxis. Contemplation/réflexion suffit pas -> passer par activité déterminée. Il faut analyser l’activité au travers de laquelle la chose est saisie et inclure dans l’analyse la genèse de l’activité qui permet l’accès à la choses. Ces activités = différents modes ou formes de l’appropriation humaine du monde. Chaque degré de connaissance humaine (sensible ou rationelle) et chaque mode d’appropriation de la réalité -> correspondent à une activité fondée sur la praxis objective de l’humanité (sphère esthétique, biologique etc) Deux formes conscience :

  1. prédicative : connaissance explicite, motivée rationelle et théorique
  2. anté-prédicative : intuitive. Unité de ces deux formes qui s’influencent réciproquement -> unité découle de le praxis objective et de l’appropriation pratico-spirituelle de la réalité. Nier ou sous-estimer 1) = irrationalisme etc. Nier ou sous-estimer 2) = rationalisme positiviste, scientisme. Privilège de la théorie : La théorie ne représente ni la vérité ni l’efficacité d’un quelconque mode non théorique d’appropriation de la réalité, mais sa compréhension explicitement reproduite, qui exerce une influence en retour sur l’intensité, la véridicité et les autres qualités du mode d’appropriation correspondant.

Seule une conception de la matière qui découvre dans la matière même la négativité, c’est-à-dire la capacité de produire des qualités nouvelles et des niveaux d’évolution supérieurs, permet d’expliquer de façon matérialiste la nouveauté comme qualité du monde matériel. Si l’on conçoit la matière comme négativité, l’investigation scientifique devient l’explication des phénomènes et cesse d’être une méthode de réduction, qui ramène la nouveauté à ses conditions préalables et les phénomènes concrets à une base abstraite. La réalité ne saurait être réduite à quelque chose d’autre qu’elle-même : elle s’explique par la réalité elle-même, dès lors que l’on développe et éclaire les phases et moments de son mouvement.

Ensemble donné dans perception, sensation et expérience = chaotique et obscur. Détour = abstraction. Le concret devient compréhensible grâce à la médiation de l’abstrait, et l’ensemble grâce à la médiation des parties.

Trois degrés de la méthode de recherche (investigation) chez Marx :

  1. connaissance approfondie de la matière afin de dominer pleinement le sujet, et ce dans le moindre détail accessible
  2. analyse des divers modes de dev de cette matière
  3. recherche des connexions internes, c’est-à-dire détermination de l’unité des diverses formes de développement. Comment science parvient au début nécessaire de l’exposition (l’explication) ? Début de la recherche =/= début de l’exposition (explication). Investigation : début arbitraire. Exposition : explication de la chose présentée dans son dev interne et nécessaire. Sinon accumulation éclectique de faits sans intéret (réflexion ou méditation sur la chose).

CCL° : la dialectique matérialiste =/= découvrir le noyau terrestre des formes spirituelles (comme matérialisme réductionniste et spinozien de Feuerbach) ni ramener les phénomènes de la culture à des facteurs économiques (Plekhanov l’enseignait en suivant la même tradition spinoziste), ni identifier culture à base éco. Dialectique =/= méthode de réduction. Mais méthode reproduction intellectuelle et conceptuelle de la réalité, la méthode du dev ou de l’explication des phénomènes sociaux à partir de l’activité pratique et objective de l’homme historique.

3) La totalité concrète

Catégorie de totalité élaborée par Spinoza (avec sa natura naturans et natura naturata) -> devenue centrale pour la philo classique allemande. Conception de la totalité : appréhende la réalité dans ses lois et structures internes et s’efforce de découvrir les connexions intimes et nécessaires sous la superficialité et la contingence des phénomènes =/= conception empirique qui s’accroche aux formes phénoménales.

Dialectique entre lois déterminées et contingences des phénomènes, entre essence interne et apparence de la réalité, entre parties et tout, etc

Au cours du XXe : réduit à postulat ou règle méthodologique dans l’examen de la réalité -> dégénérescence conceptuelle aboutit à deux affirmations banales : 1)tout est lié à tout 2) le tout est plus que les parties.

Pour philo matérialiste, centrale car répond à la question : qu’est ce que la réalité ? C’est ENSUITE la réponse qui devient principe épistémo/méthodologique.

Courants idéalistes du XXe siècle firent des TROIS dimensions de la totalité un principe en les ramenant à une seule : rapport de la partie au tout (ex : Karl Mannheim théorie de la totalité structurale) -> dissociation principe de connaissance/concept matérialiste de la réalité.

Si réalité = somme de faits et d’éléments simples et irréductibles -> ensemble de tous les faits est concret + que réalité dans sa concréité est inconnaissable essentiellement (car possible d’ajouter à chaque phénomène des côtés/aspects) Sommation infinie : connaissance est abstraite, non concrète

Popper -> “Toute connaissance, intuitive ou discursive, est nécessairement connaissance des aspects abstraits, et nous ne pourrons jamais comprendre la structure “concrète” de la réalité sociale en soi”

En fait =/= somme de faits -> mais réalité comme ensemble structuré et dialectique, dans lequel - ou à partir duquel - des faits quels qu’ils soient (groupe ou ensemble de faits) peuvent être compris rationnellement. Rassembler tous les faits =/= connaitre la réalité et faits réunis =/= totalité. Chaque fait : significatif et réalité totalité concrète qui devient structure signifiante pour chaque fait ou ensemble de faits.

Respecter aussi bien l’analogie structurale que la spécificité des phénomènes considérés. Le concept de totalité concrète : permet une meilleure intelligence des problèmes que la science contemporaine aborde avec les termes de structure et de système (recouvre les deux concepts).

Chaque phénomène : élément d’un tout déterminé. Double tâche 1) se définit soi-même, 2) définit l’ensemble -> producteur et produit, déterminant et déterminé. CCL° : liaison réciproque et médiation de la partie et de la totalité. Connaissance concrète de la réalité : procès de concrétisation, qui va du tout aux parties et de celles-ci aux tout (du phénomène à l’essence et de celle-ci aux phénomènes). De la totalité aux contradictions, et de celles-ci à la totalité. Processus de spirale.

Important : réalité pas seulement un ensemble de rapports, de faits et de procès mais encore leur création, leur structure et leur genèse.

3 conceptions fondamentales de l’ensemble ou totalité (vision déterminée de la réalité avec les principes épistémos qui en découlent) :

  1. conception atomistique et rationaliste (Descartes à Wittgenstein). Somme des éléments et des faits les plus simples
  2. conception organiciste et organico-dynamique qui formalise la totalité et souligne sa priorité sur les parties (Schelling, Spann)
  3. conception dialectique (Héraclite, Hegel, Marx) : réalité comme totalité structurée en développement et en création

Ex en histoire : fait et contexte. Oscillation dialectique entre les deux. Rapport dialectique totalité/contradictions.

  1. destruction du pseudo-concret (objectivité fétichiste et illusoire du phénomène) et connaissance de l’objectivité authentique
  2. intellection du caractère historique du phénomène
  3. connaissance du contenu objectif et de la signification du phénomène, de la fonction objective et de la place historique qu’il occupe au sein de l’ensemble social

Si on confond le concret et le pseudo-concret -> fausse totalité (celle du structuralisme par exemple). Mouvement autonome de la structure.

  1. totalité creuse (privée de l’analyse et détermination des différents éléments constitutifs)
  2. totalité abstraite : entier formalisé par rapport aux parties. Tout clos et achevé.
  3. fausse totalité. Sujet remplacé par sujet mythologisé

II/ Économie et philosophie

1) Métaphysique de la vie quotidienne

Le souci

Enchaînement de l’individu aux relations sociales considérées du point de vue du sujet engagé

Mode primaire et élémentaire sous lequel l’économie moderne existe pour l’homme. Ce n’est pas l’homme qui a le souci, mais le souci qui possède l’homme. =/= fait psychologique MAIS -> Transposition subjective de la réalité de l’homme en tant que sujet objectif. =/= simple ensemble de représentations déterminées mais une certaines praxis soumise à des modifications. def -> engagement pratique de l’individu dans le labyrinthe des rapports sociaux, conçus du pdv de cet engagement personnel (individuel et subjectif) 2 aspects significatifs du souci :

  1. aspect terrestre orienté vers choses matérielles
  2. aspect tendant vers le divin

Souci =

  1. imbrication de l’individu social dans le système des rapports sociaux sur la base de son engagement et de sa praxis utilitaire
  2. activité de ce même individiu qui se manifeste comme préoccupation et inquiétude
  3. le sujet de l’activité - occupation et fonction - qui se manifeste comme indifférenciation et anonymat

Préoccupation : aspect phénoménal du travail abstrait. Passage de la catégorie de travail à celle de l’occupation -> reflet du procès de fétichisation croissante des rapports humains.

Monde industriel moderne du XXe siècle = monde du souci : monde des installations et des appareils, pas des outils. Monde de l’appareillage achevé et da la manipulation de celui-ci.

Confère un privilège à l’avenir par rapport au passé et au présent : dévalorise le présent. Futur fétichisée et temporalité conçue de manière fétichiste -> vie inauthentique dans un temps vide. Montaigne “Nous ne sommes jamais chez nous ; nous sommes toujours au-delà. La crainte, le désir, l’espérance nous élancent vers l’avenir et nous dérobent le sentiment et la considération de ce qui est.”

Le quotidien et l’histoire

À chaque MdP correspond un ou plusieurs modes d’existence quotidiens déterminés def = organisation jour après jour de la vie individuelle des hommes. Quotidien alterne avec exceptions (fête par ex) : la vie de tous les jours l’inclue et la séparer conséquence d’une mystification. Activité et mode de vie dans le quotidien -> mécanisme instinctif et irréfléchi de l’action et de la vie. Milieu et monde : pas examinés et découverts mais simplement donnés.

Vie de tous les jours devient problématique et se MANIFESTE comme quotidien dès qu’elle est troublée. Mais le quotidien renferme l’exceptionnel : pas événements inattendus qui la rendent problématique. Destruction du quotidien par ex guerre. CARACTÈRE ALIÉNÉ DU QUOTIDIEN : Division dans la conscience : historicité de l’histoire et l’a-historicité du quotidien -> monde phénoménal, dans lequel la réalité se manifeste et se dissimule en même temps. Réflexion sur le sens du quotidien -> conscience de l’absurdité. Vie quotidienne apparaît comme n’ayant aucun sens.

Le sentiment de l’absurdité ne surgit pas de la réflexion sur l’automatisme du quotidien : la réflexion sur la vie de tous les jours est une conséquence de l’absurdité dans laquelle la réalité historique a placé l’individu.

Trois modes de destruction possibles du monde quotidien aliéné : 1) extériorisation 2) modification existentielle 3) transformation révolutionnaire

  1. monde de la familiarité quotidienne n’est pas un univers connu et compris -> l’arracher à sa familiarité intime et fétichisée. Expérience acritique et ingénue de la vie // position critique du nihilisme philosophique -> même considération d’une forme historique déterminée du quotidien comme le fondement naturel et immuable de toute vie sociale. Pour percer à jour vérité du quotidien aliéné -> faire violence à son caractière familier. Principes essentiels de l’art moderne/poésie/théâtre etc.

  2. modification existentielle : transforme pas le monde mais l’attitude du sujet face à lui. Juge le quotidien sub specie mortis. Dévalorise le quotidien et s’élève au dessus de lui -> mais ce faisant NIE la signification de son action. Aboutit au romantisme aristocratique du stoïcisme ou dessein de mort.

2) Métaphysique de la vie science et de la raison

Homo œconomicus

Économie ne devient une science qu’à l’époque du MPC -> car objectivation de l’Homme. La science part de ce mouvement social devenu autonome comme d’une donnée primaire et non dérivée. L’homme n’est pas réduit à une abstraction par la théorie, mais par la réalité elle-même. L’économie est un système et un déterminisme de rapports qui transforment sans cesse l’individu en homme économique. Mais réalité objectale =/= réalité objective

Raison, rationalisation et irrationalité

Lukacs, Weber, Mills -> rationalisme de la société capitaliste moderne s’accompagne d’une déchéance de la raison (schéma transhistorique de la dialectique de la raison).

Descartes, raison = celle de l’individu isolé et émancipé. Ne trouve certitude que dans sa conscience. “Raison autonome” La raison rationaliste crée une raison qu’elle ne peut, en fin de compte, ni comprendre ni expliquer —> car le point de départ du procès tout entier est la raison rationaliste de l’individu, c’est-à-dire une forme historiquement déterminée de l’individu et de la raison

Cette raison laisse certaines réalités en dehors d’elle :

  1. inaccessibles à la raison (donc irationnelles : def A de l’irrationalisme)
  2. hors du pouvoir et du contrôle de la raison (def B de l’irrationalisme) Donc laisse subsister l’irrationnel en même temps qu’elle l’engendre comme forme de sa propre réalisation et existence. Deux aspects de la raison rationalistes : positif et négatif (ignore qu’une part de l’individu n’est pas un sujet qui pose mais un sujet lui-même posé + que raison de l’individu atomistique produit nécessairement déraison -> car part d’elle-même comme de qc d’immédiat et embrasse pas la totalité du monde). La réalité humaine se divise, pratiquement et théoriquement, en la sphère de la “raison”, c’est à dire en un monde de la rationalisation, des moyens de la technique, de l’efficacité, et en un domaine de valeurs et significations humaines, qui deviennent le champ de l’irrationnel.

Caractéristiques fondamentales de la raison dialectique :

  1. historicité de la raison par opposition au supra-historicisme de la raison rationaliste
  2. raison rationaliste : va du simple au complexe et, à partir de points de départ établis une fois pour toutes, réalise la somme du savoir humain =/= raison dialectique qui passe des phénomènes à l’essence, de la partie au tout, etc. + possibilité de réviser principes fondamentaux
  3. pas seulement capacité de penser et de connaître rationnellement, mais est aussi procès de formation rationnelle de la réalité, autrement dit réalisation de la liberté
  4. négativité qui situe historiquement les degrés de connaissance et la réalisation de la liberté humaine déjà atteints, et dépasse théoriquement et pratiquement chaque degré déjà atteint. Ne fond pas le relatif avec l’absolu, mais comprend et réalise la dialectique du relatif et celle de l’absolu au sein du procès historique.

3) Métaphysique de la culture

Facteur économique

Erreur de Labriola/Plékhanov (dans leur théorie des facteurs) -> considérer croyance qu’on a dans les facteurs sociaux comme fruits d’une opinion. Facteurs (def) = formes historiques et déterminées d’un développement dans lequel les produits de l’activité sociale des hommes sont devenus autonomes : facteurs que la conscience non critique voit comme forces autonomes. Idéologie des facteurs inverse complètement le mouvement social : forme d’idéalisme sociologique. Structure économique (marxisme) =/= facteur économique (sociologisme). Théorie des facteurs oublie la génèse, prend l’ensemble social comme donnée : théorie matérialiste part du concept que l’ensemble social (formation économico-social) est crée et constitué par la structure économique. Celle-ci = unité et connexion de toutes les sphères de la vie sociale. Sinon point de départ métaphysique et ré-introduit de l’extérieur de l’interaction (et en porte l’empreinte)

=/= monisme matérialiste -> société = ensemble constitué par la structure économique, c’est à dire réseau de relations sociales que hommes nouent dans la production en utilisants les moyens de prod. Permet de distinguer 1) changements structuraux (modifient le caractère de l’ordre social) et 2) changements dérivés et secondaires (en changent pas nature fondamentale)

L’art et l’ équivalent social

Polémique autour du réalisme. Toute conception du réalisme ou du non-réalisme se fonde sur une représentation consciente ou inconsciente de la réalité.

Ex Poésie : pas d’un ordre inférieur à celui de l’économie. Réalité tout aussi humaine (tâche et signification distinctes seulement) -> économie engendre la poésie ni directement ni indirectement MAIS homme crée poésie et économie comme produits de sa praxis. On peut pas fonder l’une sur l’autre. Partir de l’économie comme donnée immédiate/cause originelle etc -> la réifier. Économie : structure fondamentale de l’objectivation humaine, l’ossature des rapports humains et la base économique qui +détermine la superstructure. Primauté relève de la signification première de la praxis et du travail dans l’élaboration de la réalité.

Marxisme =/= activité analytique de dévoilement du noyau terrestre des formes de l’esprit. Ex : expliquer romantisme par faiblesse éco de l’Allemagne, impuissance de sa bourgeoisie etc -> chercher la vérité de formes de conscience figées et pétrifiées (donc extérieures et non comprises dans leur signification) dans les conditions ou rapports d’une époque déterminée. MAIS vérité de la conscience dans être social : conditions =/= être. Confusion être/conditions : idée que romantisme = somme des caractéristiques d’UNE forme historique du romantisme (idéalisation du Moyen-âge ex). Praxis : à la fois reflet et projet (caractère dialectique de la praxis, et donc de l’homme. Unité de l’objectivité et de la subjectivité).

Toute oeuvre d’art a un double caractère dans son unité indissoluble c’est 1) l’expression en même temps que 2) la création de la réalité, qui n’existe pas antérieurement ou extérieurement (réalité de la beauté dans l’art).

Philo et art : deux seuls moyens de connaître la réalité humaine en tant que totalité et pour découvrir la vérité dans son authenticité.

Dans société capitaliste : élément subjectif de la réalité sociale séparé de son élément objectif. Deux substances autonome (simple subjectivité et objectivité réifiée). Double mystification :

  1. automatismes des conditions
  2. psychologisation et passivité du sujet

Méthode de Plékhanov inssufisante pour rendre compte de l’art : reprend sans critique formes idéologiques tout achevées, pour lesquelles il cherche un “équivalent” économique ou social. Élimine la découverte de Marx, la Praxis objective, non réductible au psychique.

Historicité et fausse histoire

Passage de Marx art antique Grundrisse : “La difficulté n’est pas de comprendre que l’art grec et l’épopée sont liés à certaines formes du développement social, mais qu’ils nous assurent encore un plaisir esthétique et qu’à maints égards ils représentent pour nous une norme, voire un modèle inaccessible”. Formule la question du rapport genèse/validité. Détermination sociale de l’art =/= simple connexion de la réalité sociale et de l’art -> admet que réalité sociale demeure EN DEHORS de l’oeuvre. Mais oeuvre d’art -> TOUJOURS authentique. Reconnaître le caractère historique de la réalité sociale ne signifie pas réduire l’histoire aux conditions données.

Oeuvre d’art vit grâce à la totalisation (retour continu à la vie) -> sa vie dérive pas de son existence autonome mais de l’interaction récpiproque oeuvre/humanité. Sa vie provient :

  1. de ce qu’elle est pleine de réalité et de vérité
  2. de ce que l’humanité “vit” comme sujet qui produit et perçoit. Tout ce qui appartient à la réalité humaine et sociale, sous une forme ou sous une autre, révèle une telle structure subjective-objective.

La réalité sociale comme nature humaine est inséparable de ses produits et de ses modes d’existence -> n’existe pas autrement que dans la totalité historique de ses produits =/= choses extérieures ou accessoires (expriment ET créent). Histoire humaine : procès ininterrompu de totalisation où la praxis humaine s’assimile les éléments du passé qu’elle ravive

Faculté et procès de totalisation différénciés -> culture médiévale par ex pas en mesure de totaliser ET intégrer la culture de l’Antiquité (sans s’exposer au risque de désintégration).

III/ Philosophie et économie

1) La problématique du Capital de Marx

Interprétation

Histoire d’une oeuvre = celle de son interprétation. Chaque nouvelle époque/génération -> découvre d’autres éléments signifiants. Mais élements signifiants objectivement contenus dans l’oeuvre ou introduction de moments signifiants nouveaux ?

Signification objective vs modes subjectifs d’approche : cercle vicieux.

Exigences d’une interprétation :

  1. laisse pas subsister des passages inexplicables ou casuels
  2. explique le texte partiellement aussi bien que totalement
  3. systématique et pas de contradictions internes
  4. mettre en évidence la spécificité du texte -> élément constitutif du système explicatif Toute interprétation comme une forme historique de l’existence du texte : la critique des interprétations antérieures devient un élément indispensable de l’interprétation elle-même.

Toute interprétation implique déià un jugement de valeur sur le texte (conscient ou pas) -> incompréhension ou neutralisation de passages par ex.

Abolition de la philosophie

Conception du Capital comme “logique” appliquée dont on peut extraire un mouvement logique général : rend la philo et l’économie étrangers l’un à l’autre. MAIS bien 2 significations : économique et logico-méthodologique.

Structure du Capital

Ouvrage d’économie DONC sa structure logique doit se relier de manière déterminée à la structure de la réalité analysée. Phéno. de Hegel -> odysée de l’esprit. Conscience naturelle vers science authentique. Capital -> odysée de la praxis historique concrète

Part de la marchandise : forme historique concrète de la praxis. Question rapport fin (classes)/début (M) dans Le Capital = rapport de M (forme historique du travail social des hommes) avec activité pratico-intellectuelle des groupes sociaux au sein de la prod

2) Homme et objet, ou le caractère de l’économie

Etre social et catégories économiques

Catégories économiques = formes de l’être/déterminations existentielles du sujet social. L’être social (contenu) se découvre lorsqu’on analyse et systématise dialectiquement ses formes.

Catégories sont pas à la fois éco et philo MAIS : découvrir ce que sont les catégories économiques (et donc leur analyse critique) -> découle d’une conception philosophique de (3) la réalité, la science et la méthode.

Prémisse principale de l’analyse : conception de la réalité comme procès pratique de production et de reproduction de l’homme social. Donc concepts économiques (et économie) = forme fondamentale/élémentaire de l’objectivation.

Sens historique réel qu’en étant dev dialectiquement (intégrées dans une totalité concrète).

Dans chaque catégorie on découvre (soit 1- de manière essentielle si catégorie fondamentale 2- sous un aspect particulier si concepts secondaires) :

  1. une forme déterminée de l’objectivation historico-sociale de l’homme
  2. degré déterminé, historique et concret du rapport sujet/objet
  3. dialectique historique/supra-historique : unité des déterminations ontologiques et existentielles

Être social pas “contenu” mais simplement fixé dans les catégories économiques et leur articulation. Dissoudre leur fixité : les concevoir comme l’expression de l’activité objective des hommes et de la connexion de leurs rapports sociaux avec une phase déterminée du développement historique (deux moments).

Philosophie du travail

Définition du T =/= description et systématisation d’une activité productive sous sa forme empirique MAIS pas T proprement dit. Seulement : aspects déterminés du T. Philo du T : doit pas procéder par une généralisation des concepts sociologiques (etc) ni justifier une forme historique de travail. De la même manière -> ontologie de l’homme =/= anthropologie. Pb du travail se fonde sur l’ontologie de l’homme.

Analyse de Lukacs dans son ontologie de l’être social : analyses justes mais partielles (couples causalité-téléologie et animalité-humanité -> on en découvre d’autres dans le procès de travail : homme/nature, réel/idéel etc etc. Donc ils n’épuisent pas le concept de travail).

Q° : quelle est la spécificité des couples dialectiques au moyen desquels on décrit le travail ?

Def générale du travail comme procès/faire dans lequel se modifie quelque chose chez l’homme et son être : laisse apparaître une certaine connexion avec les couples dialectiques servant à décrire le travail. Pas d’autre lien spécifique que leur caractère dialectique commun. Connexion dialectique de ces couples/procès de travail = celle de la dialectique du procès et inversement.

Couples décrivent de manière adéquate le travail et et son procès DANS LEUR DIALECTIQUE révèlent celle du travail et de ce procès. La spécificité de l’être de l’homme se révèle dans le procès de travail. Hegel -> diff homme/animal = là ou l’homme et l’animal concordent le plus : dans la sphère de l’animalité. Refoulement des pulsions animales et insertion (entre celles-ci et leur satisfaction) d’un terme médiateur : le Travail. CCL : Non seulement le procès de de transformation de l’instinct animal en désir humain et de réalisation de la génèse de l’homme MAIS le modèle élémentaire de la dialectique.

Def travail = procès qui réalise une métamorphose ou médiation dialectique. Il se produit un équilibre des contradictions qui ne sont plus antinomiques (antagoniques!). Unité des contradictions forment un procès ou s’y métamorphosent. Résultat de la médiation = une nouveauté, génèse d’un élément qualitatif nouveau.

Dans cet acte de la médiation s’élabore la tridimensionalité du temps humain : homme découvre l’avenir comme dimension de son être. Fait du présent une fonction de l’avenir et tire des leçons du passé : découvre DANS SON ACTION la tridimensionalité du temps comme dimension de son être.

def travail = procès ou faire qui réalise d’une manière déterminée l’unité de l’homme et de la nature en les transformant tous deux :

  1. l’homme s’objective dans le travail
  2. et l’objet est arraché à son milieu naturel et originel pour être modifié et façonné (s’humanise) Objectivation/humanisation.

Élément constitutif du travail = objectivité. Signifie en premier lieu : résultat du travail a une durée -> travail n’a de sens que s’il passe SANS cesse de la forme dynamique à la forme statique (mouvement à objectivité). Dans procès de travail : progression temporelle. Produit du travail : condensation/abolition de la progression temporelle = repos/durée.

Tridimensionalité du temps humain fondée sur le travail en tant qu’action objective de l’homme. Sans objectivation pas de déroulement temporel !!!

Anaxagore « l’homme est la créature la plus rationnelle parce qu’il a des mains ». Aristote et, après lui, G. Bruno, appellent la main l’instrument des instmments.

Travail et économie

Jusqu’ici : analyse du travail à l’aide de couples dialectiques (causalité/finalité, sujet/objet etc) dont le travail est le centre actif qui réalise l’unité dialectique de ces couples de catégories. Caractères essentiels du travail mais on ne saisit pas ce qu’il a de spécifique.

Le faire humain se scinde en deux sphères : travail (pression de la nécessité) et art (libre création). Travail = faire objectif de l’homme, suscité et déterminé dans sa structure par une finalité extérieure (accomplissement : nécessité naturelle ou obligation sociale). Faire humain qui se meut dans la sphère de la nécessité. =/= caractère intrisèque de l’activité même. Activité est travail si condition préalable à l’existence. Attention : rapport entre nécessité et liberté est historiquement conditionné, c’est-à-dire changeant. Travail = faire humain qui, sans abandonner la sphère de la nécessité, la dépasse cependant et crée en son sein les présuppositions réelles de la liberté humaine.

Caractère historique de la division en deux sphères ! Pas indépendantes et séparées l’une de l’autre (romantisme, surréalisme). Travail doit créer base historique indispensable du règne de la liberté (finalité intérieure).

Position centrale de l’économie : car elle représente la sphère de la métamorphose historique où l’homme se réalise comme créature rationelle et sociale, où il s’humanise. Point de jonction des rapports humains et source de la réalité humaine.

Travail au sens économique = quand il produit une forme historiquement et socialement déterminée de richesse. Travail en général est la présupposition du travail au sens économique mais ne s’identifie pas à lui. Le travail productif de richesse de la société capitaliste n’est pas du travail en général, mais un travail bien déterminé, du travali abstrait-concret ou du travail de caractère double cette forme seule appartient à l’économie.

IV/ Praxis et totalité

Point de départ de toute philosophie est l’existence de l’homme dans le monde, le rapport de l’homme à l’univers. L’homme crée un mode déterminé d’existence dans le monde et définit (consciemment ou inconsciemment) sa position dans l’univers. Primauté à la théorie et à la contemplation (Aristote ou philo médiévale) ou à la praxis et à l’activité (Bacon, Descartes, science naturelle moderne). Part pas de forme historique déterminée des rapports pratiques avec la nature et les hommes MAIS réponse philosophique à la question philosophique : Qu’est-ce que l’homme, qu’est-ce que la réalitc’. sociale et humaine, et comment cette réalité est-elle créée ?

Concept de praxis montre que la réalité sociale et humaine s’oppose à ce qui est donné -> élaboration et forme spécifique de l’être humain. Une sphère de l’être humain. La Praxis révèle le secret de l’homme comme être onto-créateur, qui produit la réalité (humaine et sociale) et, en conséquence, est capable de comprendre et d’expliquer la réalité (humaine et extra-humaine, c’est-à-dire totale). Def -> détermination de l’existence humaine comme élaboration de la réalité. Unité active homme/monde, matière/esprit, sujet/objet etc.

Praxis = embrasse OUTRE LE TRAVAIL un moment existentiel : formation de la subjectivté humaine (nausée, peur, joie etc =/= expériences passives mais partie intégrante de la lutte pour la reconnaissance). Sans le moment existentiel, le travail cesserait de faire partie intégrante de la praxis. Sans moment existentiel, c’est-à-dire sans lutte pour la reconnaissance, la praxis dégénère au niveau de la technique et de la manipulation (dialectique du maître et de l’esclave = modèle fondamental de la praxis).

À partir de la praxis que l’homme s’ouvre à l’être en général (extra-humain). Créature anthropocosmique (et pas seulement être anthropologique). Dans la praxis il a trouvé la base d’un centre actif réel, médiation historique entre : esprit/matière, culture/nature, homme/cosmos, épistémologie/ontologie etc.

On ne connait la réalité qu’en la créant : la reproduire intellectuellement. Mais cette reproduction spirituelle de la réalité = q’UNE dimension du rapport pratique homme/réalité. La dimension fondamentale = la création de la réalité socio-humaine sans laquelle la reproduction spirituelle serait pas possible.

La connaissance de l’univers et des lois des processus naturels est toujours, directement ou indirectement, aussi connaissance de l’homme et de sa nature spécifique. Les processus de la réalité sociale, humaine aussi bien qu’extrahumaine, se rencontrent et s’interpénètrent de manière déterminée dans l’être de l’homme. L’homme est une créature dont l’essence est définie par la production matérielle de la réalité sociale et humaine et par la reproduction intellectuelle de la réalité humaine et extra-humaine. La praxis donne accès aussi bien à l’homme et à sa compréhension qu’à la nature, à son explication et à sa domination. Le dualisme de l’homme et de la nature, de la liberté et de la nécessité, de l’anthropologie et du scientisme ne peut être dépassé sur le plan de la conscience ou de la matière, mais seulement sur la base de la praxis, au sens de la philosophie matérialiste. La dialectique traite de la “chose elle-même”. Mais celle-ci n’est pas un objet quelconque, elle n’est même pas un objet du tout. La “chose elle-même” dont s’occupe la philosophie, c’est l’homme et sa position dans l’univers, ou, ce qui exprime la même chose en d’autres termes la totalité du monde, qui se manifeste à l’homme dans l’histoire, et l’homme qui existe dans la totalité du monde.